La peur ne semblait pas se résoudre à vouloir m’étreindre. Ce qui pourtant aurait été bon signe alors que je marchais dans une ruelle lugubre au crépuscule. Le ciel rougi par le soleil couchant semblait faire écho au sang qui maculait les pavés. On aurait pu croire à une ville fantôme. Je marchais seul, m’enfonçant toujours plus loin dans le carnage. Une odeur de mort écœurante parvenait à mes narines malgré mon odorat humain.
Je n’avançais qu’avec une seule idée en tête. Venger Logan. Je savais que les ordures qui aimaient corrompre leur sang par des substances illicites affectionnaient les endroits les plus malfamés. Là où les familles saines ne viendraient pas les surprendre et les dénoncer. Ainsi, ils pouvaient agir à leur guise sans être inquiéter.

Soudain, un bruit attira mon attention. Une vitre venait de se briser. Je sursautai en me retournant vivement en direction du bruit, puis… Quelque chose qui m’évoqua un grognement retentit. Mon cœur battit plus fort, mais mon esprit conscient semblait être plongé dans un état second, et me poussait à continuer s’avancer. Au loin, je vis passer une ombre. Trop imposante pour appartenir à un être humain. J’eus à peine le temps de me demander à quelle créature elle pouvait appartenir, qu’une bête grise au museau ensanglanté s’élançait vers moi. Je suppose qu’une personne normalement constituée serait partie en courant. Mais à quoi bon ? L’animal ce serait simplement fait une joie de me poursuivre et me briser. Je restai donc figé. Presque admiratif devant la majesté du prédateur qui grognait si fort que je sentis ma cage thoracique vibrer. Ses crocs étincelaient à la lumière flamboyante de l’astre de jour. Pendant une fraction de seconde qui me sembla étonnamment longue, je pensai que j’allais mourir, lacéré par ce loup géant qui bondit et m’attrapa à l’épaule. La douleur fut vive. Ce qui me prouva que mon corps et mon esprits  n’étaient pas aussi dissociés que je le pensais. Ensuite, tout devint flou…. Obscur

Je repris connaissance, désorienté, en quelques sortes adossé à un mur, et étonné de voir la lumière. N’étant pas porteur de foi, l’idée de me trouver dans l’au-delà ne m’effleura même pas. Machinalement, je tournai la tête vers mon épaule que je m’attendais à voir en charpie. Or, elle était intacte. Je fronçai les sourcils et levai les mains devant mon visage pour les voir, comme pour m’assurer que mon corps m’appartenait toujours. C’était bien elles… Alors… Avais-je rêvé cette ruelle moribonde et pestilentielle ? Ce loup était-il le fruit de mon imagination torturée par la perte de mon frère ? Je me le demandais sincèrement. Soudain quelque chose toucha mon genou et me tira de ma rêverie. Je sursautai et baissai les yeux…. Encore ce loup, qui à présent me regardait l’air intrigué. Toute trace d’agressivité l’avait déserté. Je me laissai donc aller à la folie de poser mon regard dessus un peu plus longtemps. Sa fourrure grise argentée était tout bonnement sublime. Un plateau de nourriture était posé à coté de moi. Je fronçai les sourcils et parlai à l’attention du seul être vivant en ma présence.

« Que s’est-il passé hein ? Pourquoi suis-je ici… ? »

Je soupirai et penchai ma tête en arrière pour l’appuyer contre le mur avant de murmurer à moi-même.

« Encore une énigme… »